I : Les origines du mouvement hippie / A) La guerre froide

Publié le par Orou

  1. Origines de la guerre froide.

 

Nota bene : on se concentrera ici essentiellement sur la guerre froide aux Etats-Unis, la contre-culture hippie y ayant en majeure partie évoluée.

 

 

La Seconde Guerre mondiale se termine en 1945 sur la victoire des Alliés. Les deux grands autour desquels s’axeront les relations internationales durant des dizaines d’années à suivre sont dans des états économiques très différents, relatifs à la fois à leur manière de participer à la précédente guerre, ainsi qu’à leurs systèmes propres. Les Etats-Unis d’une part ont une économie traditionnellement libérale ; le mythe du self-made man y est profondément ancré. Durant la guerre, la pop civile a été épargnée, puisqu’il n’y a pas eu de bombardements ; il y a eu 300 000 morts, ce qui est peu relativement à la pop totale et à l’investissement américain. De plus, les Etats-Unis sont le seul Etat à ressortir de la guerre plus riches qu’en y entrant : le revenu national a doublé, la balance commerciale est fortement excédentaire, et le dollar est la monnaie internationale contre laquelle la livre sterling n’est plus en mesure de lutter. En effet, le dollar a gardé la même valeur qu’avant la guerre, et l’aide économique que les Etat Unis rendent un peu partout dans le monde sous forme de crédit leurs offrent de confortables intérêts. On parle dès lors « d’impérialisme du dollar ». Ces capitaux confèrent également un rôle politique aux USA : au Venezuela par exemple, les services publiques, les trois quart de la production de pétrole ainsi que les voies ferrées sont contrôlés par des sociétés américaine. Cette claire supériorité entraine les US à s’impliquer dans les gouvernements des pays qui en dépendent. Tout n’est pas parfait cependant, une crise est attendue du faut de la reconversion : d’une économie de guerre, on passe à une économie de paix. En effet, la réduction de commandes gouvernementales alliées au retour de millions de soldats démobilisés pourrait entrainer une sous production, et donc du chômage. La récession n’existera pourtant presque pas, grâce à la politique de Truman qui crée 60 millions d’emplois, ainsi qu’au besoin de l’Europe en biens d’équipements diverses, et enfin l’avidité de la population a consommer après des années de rationnement et d’épargne. Les Etats-Unis sont donc les vrais vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, et du fait à la fois de leurs avancées ainsi qu’au recul des autres puissances, en sortent premiers dans un grand nombre de secteurs différents.

L’URSS, qui a un régime communiste depuis la révolution de février 1917 connait en revanche un bilan beaucoup plus lourd. Les pertes humaines tout d’abord sont énormes. Aucune statistique n’a jamais été publiée par le gouvernement, mais on estime cependant entre 20 et 25 millions de morts, dont la moitié de civils, soit 80 fois les pertes des Etats-Unis. L’offensive allemande ayant été particulièrement efficace lors de la première partie de la guerre (jusqu’à la bataille de Stalingrad qui fut une déroute pour les nazis, le 2 février 1943), il importe de compter également un grand nombre d’individu mutilé ou présentant des carences graves dues à la famine. La population soviétique est pourtant légèrement plus élevée à la fin de la guerre : il y a en effet eu un important agrandissement du territoire à l’Est. La guerre a également affecté la répartition démographique, le nombre de femme étant très supérieur à celui des hommes. D’autre part, les dégâts matériels sont immenses. Le gouvernement a perdu 25% de son PIB d’avant-guerre et l’armée allemande a détruit 1700 villes et plus de 70 000 villages, ce qui entraine un exode rural accentué, et donc des problèmes de logement et d’insalubrité en ville. On peut donc parler d’une manière cohérente de véritable dévastation.

Ces nettes différences entre les deux plus grandes puissances entrainent u fossé international, le conflit drainant de plus en plus de pays impliqués.

 

2. Un monde bipolaire

 

            Le conflit s’internationalise rapidement, et ne concerne plus uniquement les USA et l’URSS.

            Les USA, au départ optimistes comme l’indique  le retrait de la plupart des troupes de l’armée située en Europe, ainsi que plus modérément le résultat des conférences de Yalta et de Potsdam, prennent bientôt conscience des obstacles qui empêchent les deux puissances de fonctionner ensemble. L’URSS oppose par exemple régulièrement son droit de veto à l’ONU (Organisation des Nations Unies, mis en place après la guerre) comme par exemple en Grèce en 1946, où des communistes luttent dans une guerre civile sanglante contre le gouvernement. Les ambassadeurs s’échauffent régulièrement, et le président Truman en vient même à lancer : « j’en ai assez de mignoter avec les soviets ». Cette prise de conscience est manifestée  par son discours prononcé le 12 mars 1947 devant le Congrès, qui exprime la doctrine éponyme, qui oriente le gouvernement vers une politique de containment (endiguement en anglais). Il la définit ainsi : « Je crois que les Etats-Unis doivent soutenir les peuples libres qui résistent à des tentatives d’asservissement par des minorités armées, ou des pressions venues de l’extérieur. Je crois que nous devons aider les peuples libres à forger leur destin de leurs propres mains. Je crois que notre aide doit consister essentiellement en un soutien économique et financier indispensable à la stabilité économique et à une vie politique cohérente. » La doctrine Truman présente plusieurs aspects : économique, militaire et social. Le point le plus crucial de cette politique consiste à accorder une aide financière aux pays (européens en majorité), qui est appelé plan Marshall, du nom du secrétaire d’Etat qui explique ses vues dans un discours à l’université d’Harvard le 5 juin 1947. De fait, accorder des crédits contraint le pays qui en est l’objet à adopter un système économique semblable à son financeur, à savoir l’économie de marché.

 

Aide par pays et par secteurs (il devrait y avoir une image...mais elle s'est cassée).

 

La volonté de prévention d’une offensive soviétique entraine cependant également les USA à réarmer, en particulier dans la Méditerranée où les forces navales sont renforcées et la 6e flotte est fondée le 1er juin 1948. D’autre part, le test de la bombe nucléaire au Kazakhstan par l’URSS le 29 août 1949 contribue à créer une ambiance de paranoïa qui conduit à la « chasse aux sorcières ».

En 1947, Truman ordonne une enquête sur la loyauté des fonctionnaires qui entrainera 200 révocations et 2000 démissions. Cet événement annonce le début du maccarthysme. Le sénateur MacCarthy entame en février 1950 une campagne visant à démanteler une soi-disant conspiration communiste au sein de l’Etat même. Cette campagne a un énorme succès, et crée une véritable psychose aux Etats-Unis. MacCarthy, désormais très populaire, se met à chasser les « rouges ». Dans ce contexte s’ouvre le célèbre procès du couple Rosenberg, accusé d’espionnage, qui sera condamnés à la chaise électrique et exécuté en 1953 malgré une campagne mondiale cherchant à les disculper. Devant la puissance montante de MacCarthy qui a toutes les audaces, le président Eisenhower profitera d’une occasion, ou le sénateur sera allé trop loin, s’attaquant à l’armée, pour le discréditer.  Celui-ci meurt deux ans plus tard, en 1957, alcoolique.

 

Du côté soviétique, une politique anti-américaine naît : la doctrine Jdanov. Celle-ci est présentée lors de la conférence de la fondation du Kominform, le bureau d’information des partis communistes de différents pays (URSS et sa zone d’influence, Italie, France). Il exprime clairement la dichotomie à laquelle le monde se trouve confrontée :

 

« Les États-Unis sont la principale force dirigeante du camp impérialiste […] Les forces anti-impérialistes et antifascistes forment l'autre camp. L'URSS et les pays de la démocratie nouvelle en sont le fondement. […] Le but que se donnent les États-Unis est l'établissement de la domination mondiale de l'impérialisme américain. C'est aux partis communistes qu'incombe le rôle historique de se mettre à la tête de la résistance au plan américain d'asservissement de l'Europe. »

 

L’analyse manichéenne de Jdanov conduit L’URSS a une politique rigoureuse, sans concession. C’est alors une épreuve de force qui s’engage entre les deux camps. On peut par exemple parler du blocus de Berlin-Ouest, que les occidentaux contrèrent en mettant en place un pont aérien ravitaillant régulièrement la ville, contraignant les soviétiques à lever le blocus au bout d’un an.

 


3. Un cas particulier, le Vietnam.

 

Les Etats-Unis et l’URSS trouvèrent néanmoins le moyen de s’affronter indirectement, à travers d’autres pays, comme le Vietnam.

            Le conflit prend ses sources dans la première guerre d’Indochine. Celle-ci impliquait principalement la France, qui capitule en 1954, laissant le Vietnam séparé en deux. Au nord, le mouvement était soutenu par les communistes, et au sud par les capitalistes. L’histoire de la guerre est marquée, le 11 décembre 1961, par la première intervention directe des Etats-Unis : ceux-ci font débarquer deux escadrilles d’hélicoptères par porte-avions à Saigon, la capitale du sud. La Seconde Guerre d’Indochine démarre réellement le 7 février 1965, avec l’attaque aérienne directe du Nord-Vietnam. Les bombardements de l’US Air Force sont suivis des renforts de marines en masse à partir de mars. Tout au long de la guerre jusqu’en 1973, les marines resteront extrêmement nombreux (jusqu’à 3,5 millions). La guerre et ses horreurs sont de plus en plus médiatisées, et le 20 novembre 1969, une gigantesque manifestation contre la guerre réunit plus de 250 000 personnes. Elle fait suite à la révélation du New York Times qui relate la destruction d’un village vietnamien et le meurtre de ses habitants par des soldats américains. Suite aux pressions du peuple américain, le président Nixon s’engage à faire cesser la guerre. Le 27 janvier 1973, les accords de Paris sont ratifiés, et les derniers marines quittent le Vietnam en mars. Le 30 avril 1975,  Saigon capitule, et le Vietnam est réunifié sous un régime communiste.

            Cette guerre est véritablement perçue comme une défaite pour les américains, et a été dénoncée par diverse personnalités ; ce fut également un thème récurrent dans la contre-culture hippie dans le cadre bien sûr du message de paix. Il est en effet difficile de quantifier les pertes humaines qu’a entrainée la guerre. En effet, les effets ont perduré longtemps après, à cause des munitions et bombes encore dans le sol vietnamien, ainsi qu’à cause de la pollution que le sol contient encore aujourd’hui et qui a entrainé un grand nombre de malformation sur les nouveau-nés. Les pertes du Vietnam ont été chiffrée en 1995 à un million de combattants communistes et quatre millions de civils ; pour le Sud Vietnam, 255 000 militaires et 430 000 civils ; pour l’armée américaine, 58 217 soldats tués, 303 635 blessés sur un total de 8 744 000 soldats mobilisés au total.

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C
666
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N
Bonjour, <br /> Je m'appelle Noémie et je fais cette année mon TPE sur le mouvement hippie. <br /> J'ai jeté un coup d'oeil à votre site que j'ai trouvé très intéressant!<br /> J'aurais quelques questions à vous poser, pourriez-vous me contacter à l'adresse suivante s'il vous plait : n.jerome19@ejm.org<br /> Merci beaucoup.
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V
J’avoue que vous faites un travail extraordinaire qui me fascine.
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V
Grâce à votre site je viens d’appendre plusieurs choses. Continuez !
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